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26 février 2018

écrit le 8 octobre 2014

la maison d'enfance

Il me suffit de fermer les yeux et je revois tout. A droite, c'est chez nous, à gauche, chez ma tante et mes cousins. Avant c'était une seule maison, construite par mes arrière grand-parents, dans les années 1870. Au moment de l'héritage , la maison se divise, pour contenter tout le monde, je suppose.

Notre maison, c'est la porte bleue avec des petits rideaux. Une seule porte et à l'étage une seule petite fenêtre pour la chambre. A droite, dès en rentrant, il y a la machine à coudre,  deux se succéderont, la première mécanique puis une grosse machine électrique très embarrassante. Au mur, un thermomètre, un baromètre, une poche pour les brosses et les peignes.

Puis dans le coin, l'horloge. Aussitot, un espèce de placard qui contenait ce qu'on appelait le potager dans le temps, ma mère y logeait quelques trucs.

Puis la cuisinière, d'abord à charbon/bois puis à fuel, j'aimais bien, il y avait souvent des trucs à mijoter dessus, ainsi la maison sentait la pomme ou le café, ou d'autre chose. Puis la cheminée, grande à pierres de granit. Devant il y avait une grande plaque noire qui pouvait servir de tableau noir, ainsi j'ai passé du temps à gribouiller dessus, bien au chaud.

Puis une vieille machine à laver qui fonctionnait quand j'étais petite, il fallait y ajouter l'eau, puis la vidanger, il y avait des rouleaux à tourner avec une manivelle pour l'essorage. Puis elle n'a plus fonctionné, était elle cassée, ou bien était ce trop compliqué, je ne sais plus. Ensuite, c'était le vieux buffet pour la vaisselle, la nourriture, les paperasses, il servait un peu à tout, un jour, avec mon premier salaire, on l'a changé pour un en faux bois. J'aimais bien le vieux buffet avec son tiroir pour moi et mes crayons, mes peintures, mes papiers, mes bricoles, il y en avait des choses.

Ensuite, un fauteuil en paille, le seul de la maison, gagné par mes parents à une loterie, on ne pouvait guère s'asseoir dedans, il était toujours plein de choses non rangées. On pouvait le rallonger.

Puis la vieille armoire, pleine de linge, de papiers, mais aussi de trucs à manger, genre petits gateaux, de boites à coutures, à tricots.

Puis le lit du vieil oncle, qui fut changé à son décès pour un autre lit plus récent. Ma soeur y a couché, et puis moi après.

Il y avait le dessous d'escalier avec deux placards, bleus, on y logeait les casseroles, et les poeles, et surement d'autres choses. Derrière la seconde porte, ce n'était que des vieilleries. Juste après, la télé sur une table roulante, arrivée vers mes 9 ans, une en noir et blanc bien sur. Au dessus, un vieux poste de radio sur une petite étagère. Puis dans le coin, les balais, et la porte de l'escalier qui grimpe à la chambre, celle qu'il faut ouvrir quand la cheminée fonctionne et enfume la pièce.

Dans le coin, un semblant d'évier en pierre qui ne sert qu'à poser les seaux. Nous n'avons pas l'eau au robinet au départ. Puis un jour, grâce à ma tante qui fait installer le service d'eau, mon père se décide aussi. Ainsi nous aurons seulement l'eau froide à cet endroit. Puis une petite table qui sert de desserte, elle vient d'un héritage d'une tante de ma mère, le gaz à deux feux, sans four, au début, puis un jour, une gazinière avec un four mais j'étais déjà grande. Puis un miroir au mur, c'est là où on peut se laver et se coiffer le matin. Puis un vieux compteur d'électricité. Par terre une bassine, petite, pour se laver les mains.

Au milieu une table recouverte d'une toile cirée que l'on ôtait le dimanche, et quelques chaises autour, et un vieux tabouret.

En haut, le passage dans le grenier, dans son jus, il y fait froid, le pot de chambre,  puis la chambre : un grand lit pour mes parents, un autre pour nous deux, et même un petit lit de bébé qui nous avait servi et qui après n'était qu'un dépotoir. Une table ronde, où j'ai fait mes devoirs un temps. Une armoire pour nos habits, le linge et les papiers. A la fenêtre, une veille guenille en guise de rideau. Un buffet en deux corps, gagné aussi à une loterie, contenait de la vaisselle, des bijoux, des images, du linge, des bondieuseries, l'accordéon et tant de choses encore.

C'était ma maison. Elle fut modifiée pour mon père, une fois rentré de l'hopital, elle manquait de confort, alors en quelques mois, une chambre fut créée dans le garage, au rez de chaussée, et une salle d'eau - wc. Les meubles ont un peu changé de place. Cette maison est louée maintenant.

 

Je suis heureuse d'avoir écrit ce texte un jour où vraiment c'était nécessaire pour moi. Je pourrai au moins le relire et la faire revivre. Bientôt la maison sera vendue. Le compromis est signé. Rien que de l'écrire, les larmes viennent.

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Commentaires
E
Bonjour Mel, tu racontes si bien tes souvenirs. La maison de mes parents, je l'ai vue 3 fois l'année dernière, pour la vider (en mars, en mai, en septembre). Je savais qu'en septembre c'était la dernière fois que j'y mettais les pieds. Elle est en vente depuis début novembre. Mais elle était sans occupant depuis fin août 2014, soit pendant 3 ans, ce qui fait qu'elle s'abîme. Pas le choix puisque nous, les 5 enfants, vivons soit en Angleterre, soit dans la région parisienne, soit dans le midi, soit en Charente, soit en Bretagne. Et maintenant que mon mari est décédé (depuis le 19 novembre), c'est encore plus triste pour moi. Bisous et bon appétit.
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C
je n'ai aucun souvenir de ma maison d'enfance, comme de mon enfance d'ailleurs... je n'y ai pas été heureuse<br /> <br /> Je me souviens juste d'une atmosphère pesante...
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E
Je n'ai jamais aimé la maison de mes parents.<br /> <br /> J'en ai voulu à mon père de vendre la maison de mes grands parents sans même nous demander si elle nous intéressait.<br /> <br /> C'était la maison de notre enfance, avec ses merveilles d'objets, les souvenirs familiaux et le douceur d'une grand mère.
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A
Je suppose que c'est difficile de quitter la maison de sa jeunesse ou de son enfance…<br /> <br /> je dis je suppose » car personnellement je n'ai eu la sensation d'une « maison à moi » que celle dont j'ai fait l'acquisition jeune marié…<br /> <br /> avant… et bien… c'était avant…<br /> <br /> j'étais chez les autres... mes parents par exemple....<br /> <br /> Après ce furent les hôpitaux, les centres, etc.…
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C
Oui, je comprends, tellement de souvenirs dans une maison, c'est forcément un déchirement... Et c'est très émouvant de te lire.<br /> <br /> La maison, c'est comme les êtres qui l'habitaient, elle reste dans notre coeur.<br /> <br /> Bisous émus<br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
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