Alors que c'est pour la plupart la période des vacances, des rencontres, des plages, des randonnées, des apéros, des feux d'artifice, chez nous c'est autrement. Il y a bien longtemps que je suis allée à un feu d'artifice le 14 juillet. Je prie presque pour qu'on soit peu dérangé, je fais savoir que nous sommes débordés. Notre travail se passant en partie sur notre lieu de vie, ce n'est franchement pas évident. Alors que certains se promènent et que nous sommes chez nous, ils ont sans doute du mal à comprendre qu'on n'ait pas de temps pour eux. C'est pourtant le cas. Comme nous sommes polis, une fois les personnes sur place, nous n'osons pas trop dire que nous n'avons pas le temps. Mais de plus en plus, on ose dire malgré tout. C'est comme si on allait déranger un salarié sur son lieu de travail, ça ne se fait pas voyons. Et bien pourquoi chez nous ça se ferait ?
C'est toujours une période difficile, les travaux d'été, il y a justement la chaleur et tout ce tumulte des vacanciers.
En ce moment, ce sont les moissons de blé. Il y a aussi toutes les autres cultures (plantes, légumes secs, légumes verts) à entretenir (binage). Il y a l'irrigation à gérer. Il y a eu cette récolte qui n'a pas pu se terminer et qui nous a plombé le moral, à cause de trop de mauvaises herbes et cette mauvaise plante est toxique.
Non l'été ce n'est pas très marrant.
C'est notre job. C'est ce qui sera dans les assiettes dans quelque temps.
Nourrir les gens.... et le mieux possible.
Il est poétique, bien sûr, et je rends hommage à ceux qui le cultivent, dans des conditions pénibles, certainement...
La symbolique du blé... Elle revient souvent, c'est vrai, dans mon paysage intérieur. Je devais sûrement avoir un ancêtre boulanger, ou moissonneur...Et le blé en herbe, ces tiges bien vertes et douces, pas encore épis d'or... cela me rappelle ce très beau roman de Colette sur l'éducation au sexe de deux adolescents exaltés, et leurs premiers émois sensuels et interdits...Et puis le blé c'est aussi la promesse des moissons, la farine des moulins, le pain bis, le pain noir...
Le grain de blé, le grain de vie qui germe, la Terre, la nourriture originelle de nos ancêtres, presque mythique, presque mystique.
Les signes et les symboles donnent du sens à ce que je vis. Ils me sont indispensables, de par leur poésie même. Toute la poésie du monde, sans laquelle vivre ne serait pour moi qu'une succession de gestes incongrus et dénués d'intérêt.
J'aime les champs de blé, ils étaient sublimes, ce soir, sous la lumineuse houle crépusculaire. Je me suis arrêtée un long moment pour en sentir l'odeur. Un peu ivre.
J'ai éprouvé un sentiment rare et très beau : celui d'être reliée. Cette certitude fugace mais forte que l'on appartient tout entier à l'univers tangible. Que l'on est un grain minuscule mais indispensable dans un océan d'épis.
Bisous chère Mel
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