le masque
Mes moments de panique peuvent devenir de véritables colères. Je peux angoisser pour trois fois rien. Je peux perdre facilement le fil d'un évènement. Souvent je me suis cru sortie d'affaire. Mais guérit on un jour ? guérit on un jour de son enfance ? La question se pose depuis toujours. Pour certains, c'est oui. Pour moi, c'est non.
Je me surprends encore avec des réactions bizarres, avec des larmes qui montent mais qui ne sortent plus, avec des bouffées de chaleur, ou des tremblements. A ce moment là, j'aurais besoin de réconfort.
Est ce que ça se voit comme je suis ? Je travaille à ce que ça ne se voit pas trop. Je l'espère de toutes mes forces. J'y mets toute mon énergie. Après je suis tellement fatiguée.
Comme j'aimerais en parler plus aux gens autour de moi. Comme ça me libérerait.
J'en parle à l'association sur l'anxiété. Mais elle vacille l'association. Je crois qu'elle va s'arrêter, faute d'adhérents, faute de personnes pour la gérer.
J'en ai parlé parfois chez des soignants, encore faut il les trouver.
Je n'en parle pas à la chorale, qui comprendrait ? On est là pour chanter pas pour raconter sa vie. J'en parle dans mes écrits, parfois à l'atelier d'écriture. Mais on n'en débat pas après.
J'en parle à mon mari, mais même à lui c'est si difficile à expliquer.
Je n'en parle pas à mes enfants. Trop douloureux.
J'en parle peu à mes amis. Pas concernés.
Et la plupart du temps, quand je peux, je montre une autre face, celle qui rigole, qui raconte des bêtises, celle qui décide, qui organise, c'est bon quand j'y arrive.
Mais le reste du temps, je porte un masque.
Et puis il y a ce blog où je peux en parler. Il y a vous.