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sensiblement
25 mars 2019

Rabat joie

Mon père était un rabat-joie. L'avait il toujours été ? Sans doute plus jeune il ne l'était pas. S'il avait envie de se réjouir lui, alors tout le monde avait le droit. Il pouvait siffler, sortir son accordeon, raconter des blagues, on ne lui aurait surtout pas interdit. Mais si les autres étaient joyeux et que lui était en phase "pas rigolo du tout", il avait vite fait de les calmer et ça ne rigolait pas longtemps. Sans doute était il si malheureux pour ne pas pouvoir supporter de voir le bonheur des autres. C'est vrai que c'est un sacré exercice : se rendre compte que l'autre a accès au bonheur et que soi même on n'y arrive pas. Aujourd'hui, on veut du bonheur partout, il y a des conférences, des stages. Finalement, c'est si compliqué ? C'est peut être parce qu'on en veut trop, la quantité ne fait pas la qualité.

J'ai regardé ce film hier soir : Barbecue. Je l'ai beaucoup aimé. Une bande de copains avec des profils différents. On reconnait ses copains : le grincheux, le timide, le grande gueule, le fainéant, le bosseur, etc, etc. Quand soudain l'un se permet après un infarctus de vivre sa vie à fond, sans le régime prescrit, sans continuer à supporter comme avant ce qui l'insupportait, quand soudain il ose dire aux uns et autres ce qui ne lui plait pas, ça part un peu en c....    Et il y a coupure.  Mais quelque temps après, il s'ennuie de ses amis qui l'entouraient depuis toujours. Malgré leurs défauts, il a envie de les revoir et il les revoit, ça semble simple.

Ce film est arrivé après samedi soir où nous recevions nos trois couples habituels. J'aime et j'aime pas. J'aime le côté convivial, j'ai préparé de bons petits plats (j'ai stressé pour ça), j'aime l'idée d'une bonne soirée, j'aime qu'on joue avant le repas. Mais je n'aime pas leurs défauts. Surtout pour un. Il lance des piques depuis toujours à mon mari, c'est pourtant son ami. C'est comme un jeu on dirait. Ou alors une partie de punching ball. Et puis ils sont bientôt tous à la retraite (sauf une sous quelques jours), bien sûr leurs retraites ne sont pas assez grosses (pourtant il y a pire je le sais), bien sûr ils ne pensent plus qu'aux vacances-voyages-apéros. Bien sur samedi soir ils ont passé leur temps à raconter leurs dernières vacances et leurs prochaines vacances. Bien sûr nous on s'est tu. Bien sur, on ne va pas leur reprocher de partir en vacances. Ils ont du temps, ils pourraient aussi s'investir dans des associations, apporter leur savoir, apporter de l'aide. Non. Rien de tout cela.

Bien sûr, je suis une rabat joie moi aussi.

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Commentaires
Y
Mélancolie, je me suis beaucoup amusée à lire l'article et les commentaires. C'est aussi très riche en enseignements. Merci et douce journée.
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A
Vous n’êtes pas spécialement rabat-joie. Et si vous êtes blessée par des plaisanteries faites chez vous pour se moquer de votre mari, je comprends. Vous deux avaient le droit d’être respectés, sous votre toit.<br /> <br /> C’est la personne moqueuse qui doit être mal dans sa peau : avoir besoin de se faire valoir au détriment d’un ami, est-ce vraiment être son ami ? Moi, je lui demanderais s’il n’est pas lassé de ses mesquineries. <br /> <br /> Et aussi, vous avez raison, pourquoi devrait-on être obligé de voyager dès qu’on est à la retraite ? Et surtout d’infliger le récit de ses voyages ensuite aux autres... <br /> <br /> Que chacun vive à sa façon dans le respect d’autrui, et n’oublions pas de sourire !
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L
Mes parents étaient des rabats-joies, et j'ai bien failli devenir comme eux. <br /> <br /> Difficile de chercher la lumière quand on a été "élevée" dans le biais inverse. Difficile d'aimer les défauts des autres quand on a grandi sans avoir le droit d'avoir les siens. Difficile d'accepter une émancipation centrée sur soi chez les autres quand on n'a jamais pu le faire et qu'on se l'interdit peut-être encore, parce que notre conscience voit bien loin.<br /> <br /> <br /> <br /> Je crois que je comprends ce que vous avez ressenti et pourquoi ce fut si pesant. Surtout si comme moi les interactions vous épuisent. Il fallait que ça sorte, c'est à ça que serve les blogs !<br /> <br /> <br /> <br /> À côté de ça, votre film "Barbecue" est arrivé au bon moment, il a raison... <br /> <br /> Les gens qu'on aime nous manque, même avec tous leurs défauts, le jour où ils ne sont plus là. <br /> <br /> Ce sont ces trépignements qu'ils provoquent qui nous parlent de nous, de nos valeurs et frustrations, qui nous rappellent que nous sommes tous différents et que chacun puise son bonheur là où c'est le plus fluide pour lui. Qu'ils nous aiment alors qu'eux doivent avoir une vision opposée à la nôtre. Et qu'il est beau que tout en étant des ovnis les uns pour les autres, on puisse créer du lien.<br /> <br /> <br /> <br /> Vous n'êtes pas une rabat-joie. Vous êtes un être humain qui réagit pour apprendre à grandir tout au long de la vie. C'est ardu, mais ça reste joli.
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C
Kachina parle d’or ! Entièrement d’accord avec elle ! Toujours voir le verre à moitié vide, toujours critiquer ce que sont les autres, toujours être frustrée ! Cela fait fuir les gens, et l’on se retrouve seul ! La gaieté nous rend meilleurs, alors soyons gais !
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P
Cette éternelle histoire de retraite et de voyage ! ça me saoule moi aussi. Samedi, ma belle soeur a passé sa soirée à caresser mes bestioles en soupirant "On ne peut plus en avoir car on veut voyager". Je trouve dingue de se priver d'un plaisir quotidien pour une espèce d'obligation mondaine LE voyage !! Pareil pour les associations, remarque, je n'aime pas trop non plus. En fait j'aime NE RIEN FAIRE !
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