Je lis
En ce moment je lis un roman. Ce livre, c'est ma mère qui l'avait acheté. Elle lisait peu, une revue qu'elle recevait, le journal aussi, du temps où elle allait bien. De la revue on l'avait désabonné, ça faisait mal au coeur, mais il y avait un coût, et vu qu'elle ne lisait plus.... Ce livre je l'avais rapporté chez moi il y a déjà longtemps. Elle l'avait acheté après que mon père soit disparu. Je me demande si ce n'est pas le seul livre qu'elle se soit acheté. J'avais commencé à le lire à un moment donné, bien avant qu'elle ne décède. Dernièrement, j'ai eu envie de le relire. C'est un roman régional, on retrouve l'histoire d'un petit paysan orphelin. Deux mondes existent : la paysannerie, la noblesse. Je ne l'ai pas terminé. J'ai l'impression qu'elle lit avec moi par dessus mon épaule. Je me dis qu'elle a lu aussi cette page, cette même page, ces mêmes mots. Qu'en avait elle pensé ? A l'époque j'étais bien trop occupée avec mes enfants, et mes migraines pour l'écouter un peu. Elle n'osait jamais s'imposer, alors la plupart du temps, on disait juste l'essentiel. Et on ne se serait pas attardé à parler d'un livre, quoique je pense me souvenir qu'elle m'en avait dit quelques mots.
Je regrette tellement ne pas avoir conversé plus avec elle du temps où c'était possible. J'étais embarquée dans ma vie, je ne prenais pas le temps. Et on en avait tellement soupé avec mon père, que du jour où il est parti, j'avais pris le temps de respirer et de ne pas m'imposer à aller chez elle trop souvent. C'était idiot comme réflexion. Je ne penserais plus du tout ça aujourd'hui si c'était à refaire. C'est comme si j'avais voulu lui faire payer la vie qu'on avait eue. Ce n'était surement pas de sa faute. Et elle ne nous réclamait pas. Elle avait pris le temps de se relier davantage aux autres, certaines personnes étaient venues vers elle, peut être aussi qu'il fallait lui laisser ce temps là.
Pour en revenir au roman, je retrouve même une odeur dans ce livre, une sensation. Elle avait du aimer car il parle de la vie qu'elle avait connue, sauf la vie de chateau. Mais la religion, le travail, les habitudes étaient là, celles de notre région.