Ce matin, il pleuvait.
Ce matin, il pleuvait, comme hier. Je pensais que ça se serait calmé. Mais il pleuvait, et je devais aller au jardin chercher des carottes. J'ai enfilé mon super kway de chasseur, celui que j'avais acheté pour aller à la Réunion, je ne le porte jamais, autant qu'il serve au moins ici, la capuche sur la tête, et arrivée au jardin, j'ai rentré les potimarrons dans la serre, et j'ai arraché les super-carottes. Juste ce temps-là, et ça a suffi pour que le jean soit trempé, bien trempé. Et je suis rentrée, toute dégoulinante, mes cuisses me faisaient presque mal à cause de cette eau froide. J'ai changé de pantalon. Je me suis sentie vivante, parce que le corps a ressenti. Et j'ai senti le changement de saison. J'ai senti que j'avais des choses à faire, rentrer également les sucrines du Berry que je n'ai pas encore goutées, rentrer du bois parce que bientôt nous ferons du feu dans la cheminée. J'ai senti qu'à penser tout le temps, on n'avançait à rien d'autre, et que bien sur, il y avait autre chose à faire qu'à penser sa peine.
J'ai beaucoup moins de travail au quotidien parce que la commercialisation, et tout ce qui s'en suit, n'est plus faite par moi pour toute une partie. Et ça me dispense de tous les coups de fil, suivi, cassement de tête, etc.
Pourtant depuis ce changement, je n'ai pas l'impression de profiter de ce temps libre.
Je vais peut être lancer une invitation pour apprendre le tricot doigts à qui le souhaite, dans le sel, je ne suis pas très pédagogue, saurais je expliquer ?, j'ai appris toute seule en lisant sur le net, mais une personne du sel m'avait demandé à apprendre une fois. Faudrait déjà que je ressaie toute seule. Je n'ai fait que des écharpes avec cette technique, c'est agréable l'hiver, on peut regarder la télé en même temps, c'est très bon pour le mental, suffisamment occupé aux longues mailles, pour ne pas se laisser embêtter.
Je pourrais aussi prendre des cours de cuisine, je reçois souvent des invitations, en cuisine bio. Ce serait sans doute bien, je pourrais transmettre à qui le souhaite après.
C'est drôle comme on écrit sa vie sur le net, à des gens qu'on ne connaît pas, et qui deviennent des familiers.