Je n'ai pas beaucoup à saisir les mains qui se tendent. Pas d'invitation particulière. Pourtant la plupart sait que j'aime sortir. Certes il fut une époque où je refusais les mains, parfois je recevais des propositions et la peur, ou la non-motivation, faisaient que je refusais, sans état d'âme. C'était une autre époque où je trouvais mille raisons de refuser.
Soudain, j'ai élargi mon champ de vision. J'ai vu que je pouvais aussi goûter à la vie, à de bons moments en sortie, de beaux paysages à voir, j'ai pris conscience. Avant je ne sortais quasiment qu'avec lui et les enfants, je ne m'autorisais pas grand chose, et la peur gagnait la partie. Nous prenions quelques vacances, j'ai même l'impression de n'avoir pas su bien regarder, trop occupée à ci ou à ça.
Je n'avais jamais vu ma mère sortir de chez nous, libre comme l'air. Ma soeur si peu. Au début de ma vie, je n'en éprouvais même pas l'envie. J'ai lu, je me suis initiée grâce à des gens, et j'ai compris qu'il n'y avait rien de mal à s'offrir de bons moments en dehors de sa maison. Mais il fallait trouver les clés. Une amie m'emmenait de temps à autre à la grande ville, je refusais parfois parce que elle c'était magasin, magasin, et magasin. Et je n'aimais pas tant que ça faire les magasins. Je suis allée à la gym, j'ai connu l'association, puis l'atelier d'écriture, j'ai pris un peu confiance pour sortir seule de chez moi, j'ai arrêté de culpabiliser ou bien d'avoir peur. J'ai rencontré de nouvelles personnes et j'ai pris goût aux sorties qui cassent le rythme routinier. Cà ne le dérange pas du tout. Il ne m'a jamais empêchée, bien au contraire.
Et pourtant, cela reste toujours difficile. J'ai peu de proposition. Quasiment rien de la part de la famille, à part les invitations officielles : cérémonies, anniversaires, qui se passent avec toute la famille et les week end. Pas de petit truc magique : "viens donc avec moi au cinéma" ou "je t'emmène au théâtre" ou "et si on allait pique niquer". C'est pourtant simple. Mais non, RIEN.
L'autre jour, deux personnes que je côtoie m'annonçaient leurs vacances sans rien de prévu. A la première, je lui dis que nous pourrions faire quelques sorties. Elle semble d'accord, puis plus de nouvelle. Quand je lui envoie un sms, j'apprends qu'elle est partie en vacances avec une collègue qui lui a proposé une petite semaine avec elle et sa famille. Je comprends qu'elle n'ait pas refusé mais elle aurait aussi pu me prévenir. Elle vit seule, et finalement reçoit souvent de très gentilles propositions. Nous avons passé la journée ensemble hier, parce que je les ai stimulées (elle et une autre personne), sans cela, je crois qu'on ne se serait pas vu.
L'autre personne qui m'a dit n'avoir rien de prévu semble prête à faire quelques sorties avec moi. Elle pourrait bien sur aussi me proposer quelque chose. Est ce que j'attends ? est ce que je propose ? Si j'attends, je risque d'être déçue. Nous pourrions aller à Paris, mais est ce bien raisonnable ? Je n'ai jamais fait de grandes sorties avec elle, je la connais par l'écriture, et si finalement j'étais déçue ? peut être c'est plus prudent de partir à la journée.
Je me demande ce qui fait que si je ne propose rien, je ne reçois aucune offre. Vous allez dire que je titille. Peut être. Mais je me pose aussi la question, si je ne reçois pas d'offre, c'est peut être que les gens n'ont pas envie de m'avoir à leurs côtés, peut être suis je ennuyeuse, pas intéressante ? Pourquoi ça fonctionne toujours dans le même sens ?
J'ai sans doute refusé quelques propositions aussi pour de bonnes raisons, rendez vous, travail, mais très peu.
Pour la marche avec ma voisine, c'est pareil, il faut sans arrêt la stimuler.
Pour aller au marché artisanal, j'ai déjà contacté une autre voisine avec laquelle j'étais allée l'an dernier, elle aurait aussi pu venir vers moi.
C'est vraiment beaucoup plus souvent moi qui fait le premier pas, qui prend les initiatives, c'était pareil en famille aussi mais de ce côté là j'ai freiné, parce que c'est fatigant de toujours s'avancer, c'est usant, surtout pour une anxieuse, pour une hypersensible, ça prend tant d'énergie, si vous saviez....
Alors de temps en temps, si les choses s'inversaient, ça me ferait du bien.