Puisque vous m'en demandez plus sur les pèlerins, je vous explique. Celui qui devait venir ce soir s'est décommandé hier. Pas grave. Apparemment son organisation faisait qu'il ne passait pas là au bon moment. Le parcours le plus classique fait que les pèlerins passent chez nous plutôt fin de matinée, trop tôt pour s'arrêter. Mais quelques uns s'organisent autrement, c'est pourquoi nous avons un peu de passage mais finalement très peu.
Chez nous, c'est le chemin qui vient de Bretagne. Un jour, j'avais lu dans le journal de ma commune que nous étions sur le chemin et que si cela nous intéressait d'héberger, il fallait se signaler à la mairie. Je n'ai pas osé tout de suite et puis un jour, sans doute un jour pas ordinaire, j'ai demandé si c'était toujours d'actualité. Apparemment il n'y avait qu'une autre famille qui le faisait. Alors ils ont pris mon offre. J'ai eu du monde la première fois en 2009. Régulièrement j'ai raconté chaque passage quasiment sur le blog. J'avoue que je ne me sentais pas franchement à la hauteur de faire ça. Mais après j'ai pensé que de toute façon le pèlerin cherche une douche, un dîner, un lit, une douche, un petit déjeuner, il ne cherche pas vraiment un ami. Il rencontre tellement de gens. Enfin pas trop chez nous, c'est plus loin que ça commence à être l'affluence. Certains le font religieusement, d'autres spirituellement, certains ont promis, certains aiment seulement marcher, il y a vraiment tous les cas de figure. Souvent ils l'ont déjà fait, en ont fait un bout, se préparent à le faire donc ne font qu'une semaine. J'aime les accueillir mais ça prend du temps quand même. Enfin ça dépend, il y a ceux qui aiment beaucoup parler et d'autres moins. J'ai fait de belles rencontres. Certains se manifestent de temps en temps encore. Pas trop. Mes plus lointains étaient des canadiens. L'an dernier quand on les accueillait, on était en travaux à la maison, j'avais un peu honte des conditions, dans le gris du sous sol même pour manger.
Au début mon jeune fils n'aimait pas ça. Il ne comprenait pas qu'on accueille des inconnus. Il m'a dit une fois qu'il en entendait un marcher la nuit. Maintenant il ne dit plus rien. Je n'ai même pas 10 passages l'année. Et cette année, ça ne commence même pas ou plutôt par un ratage.
Je ne pense pas faire cela un jour quoique j'aimerais bien. Mais porter un sac sur le dos et faire 20 km par jour, je ne m'y vois pas.
J'ai eu plus de monde quand j'ai fait la rencontre de quelqu'un qui fait partie de l'association départementale, elle a signalé notre hébergement et depuis je figure dans leurs adresses. Ici il n'y a pas de refuge comme dans le sud ou en Espagne. Les pèlerins vont chez des gens comme nous, ou bien dans les campings, chambres d'hotes ou sous leur tente à la belle étoile.
J'ai l'impression de voyager avec eux, ils me racontent leur motivation, les anecdotes d'avant chez moi et leur projet pour les jours à venir. Après, certains font signe quand ils ont fini leur parcours, jusqu'à St Jacques, ou jusqu'à ce qu'ils avaient prévu. Finalement peu le font en entier. C'est plutôt des portions de chemin.
J'ai aussi fait du chemin pour arriver à ça, car ce n'était pas évident pour moi la craintive. Avec eux je n'ai pas peur, j'ai l'impression qu'ils portent l'espoir d'une meilleure humanité, celle que je désire tant.