je suis rancunière
Ce dimanche, il y avait une animation. Dans une ferme voisine, portes ouvertes et petit marché. Nous étions vendeurs au petit marché. Je dis nous, mais c'est surtout il, je n'aime pas trop vendre, et de plus, je ne pouvais pas à cause de mon épaule.
La journée est organisée comme cela : ceux qui interviennent dans la journée viennent déjeuner, les producteurs ont fourni le repas. J'ai donc moi même préparé une cocotte de mogette, c'est comme ça qu'on dit chez nous. Un éleveur de porcs fournit la charcuterie. Le jardinier, les fruits. Et le laitier, le fromage, et le paysan boulanger le pain. Je n'ai pas rechigné pour y aller.
Pourtant je savais que j'allais croiser la famille qui nous a niés récemment à l'occasion du mariage de leur fille. Je n'ai pas digéré. Ainsi je les salue mais vite fait, pas envie de me montrer importante puisque j'ai bien compris que je ne le suis pas. Ils sont plusieurs familles associées dans cette ferme. Cela concerne l'une d'elles. J'aurai pu pardonner si j'avais su que c'était un tout petit mariage. Mais j'ai su que les connaissances étaient invitées. Ainsi une de mes amies qui côtoie la maman par son travail se trouvait invitée. Et notre fils qui servait au bar le soir nous a dit qui il avait vus. Nous avons des relations de travail (peu mais quand même) et une période de vie, les hommes faisaient du sport ensemble. Et puis nous avons eu leur fils comme employé une période.
J'ai fait la visite prévue dimanche, puis salué quelques personnes et je suis partie parce que je ne tenais plus debout. Le soir mon homme m'a dit que la femme en question lui avait fait part de sa joie vu les évènements passés : une naissance chez sa fille, et le mariage de sa fille quelques mois après. Elle a osé, sans scrupule, lui en parler. Et lui, de lui répondre : alors je suis content pour vous. Bien sur c'est la meilleure réponse, mais j'aurais bien été incapable de la faire. Ma rancune est là.
Ne pas compter. Nous l'avons vécu une autre fois dernièrement lorsqu'on a su qu'un collègue de travail, que nous avons dépanné, sorti de la mouise, aidé, etc a fêté ses 60 ans. C'était samedi. Il l'a dit à mon mari sans gêne : oui je fête ça avec famille et quelques amis. Ainsi nous avons compris que nous n'étions pas ses amis. Nous sommes juste bon à l'aider quand il faut.
Je n'en reviens pas de ces différentes attitudes. Rien que les écrire me donne les larmes aux yeux. Il me faudra beaucoup de belles choses pour gommer ces instants gris. Je ne sais ce que les gens ont de la tête ou dans le coeur. Je sais, je suis en train de juger. J'aurais bien envie de leur crier : ON EXISTE.
Que feriez vous à ma place ?