autour du 5
Texte écrit à l'atelier récemment. Nous devions choisir un thème soit n° 5 de Chanel, le club des 5, le 5e element, les 5 doigts de la main, la Renault 5 etc. J'ai choisi la Renault 5. Je vous préviens, c'est du vécu :
J'aurais voulu une Renualt 5. Après avoir obtenu le permis de conduire au bout de la quatrième fois, c'était le moment délicieux de me mettre au volant. J'aurais voulu une Renault 5 mais dans le garage m'attendait patiemment une deux chevaux verte, du même âge que moi. Mon père l'avait achetée d'occasion. Elle servit à mon grand-oncle, puis à ma soeur qui avait huit ans de plus que moi. Après s'être mariée, elle n'avait plus besoin de cette voiture. Mais on la garda pour moi. "Oui, dans quatre ans, elle fera bien l'affaire"disait-il. Elle aurait bien pu ne jamais me servir. Ma mère pensait que je n'arriverais pas à avoir mon permis. C'est vrai que ce fut laborieux : une fois, j'avais oublié de klaxonner en doublant un vélo, la deuxième fois même chose en doublant un tracteur et la troisième, j'avais failli rentrer dans un mur tant j'étais énervée. Je crois que l'inspecteur eut très peur. J'aurais voulu une Renault 5. C'était la voiture "spéciale jeune fille", celle qui donnait un air un peu branché. Mais on ne protestait pas, le paternel décidait et on obéissait. Je connus les joies de la deux chevaux : la porte qui s'ouvre à l'ancienne, les essuie-glaces qui s'arrêtent au stop, la honte quoi ! Ils s'amusaient de me voir arriver à l'entreprise où je travaillais. J'amenais un collègue qui pesait trois fois mon poids, soit-disant que la deux chevaux penchait du côté droit. J'aurais voulu une Renault 5 pour avoir l'air un peu plus riche, pour avoir l'air d'être quelqu'un. J'en avais soupé de l'occasion : le vélo de ma soeur, le vélo de ma mère, la mobylette de ma soeur. J'aurais voulu une Renault 5 pour être une fois dans ma vie comme tout le monde. Je n'ai jamais eu de Renault 5, et ce n'est pas si grave que ça !