j'ai tellement eu honte
que j'en bave encore à 49 ans. Depuis ce matin, je cherche comment écrire ce post. Oui, il faut que je vous le dise. J'ai grandi avec mon père et ma mère, et ma soeur. Mon père avait ce qu'on appelle des TOC. A l'époque on pensait plutôt "folie" et le mot savant était "névrose obsessionnelle". Vous savez ce que c'est les TOC. Maintenant on en parle facilement. Moi à l'époque je pensais que sur la terre entière il n'y avait que mon père qui était comme ça. Alors, il parlait tout seul, il avait des rituels, il mettait des heures et des heures à faire presque rien, on attendait beaucoup beaucoup beaucoup qu'il soit prêt. On était parfois pris à partie dans ses rituels (surtout ma mère). Et puis des fois, il était tellement pris dans ses problèmes qu'il explosait de colère pour un oui, pour un non, pour une remarque de notre part, pour notre impatience. Et puis il y avait le regard des gens. Comme on ne disait à personne ce qu'il avait vraiment, on cachait comme on pouvait. Mais parfois il parlait tout seul et des gens s'en rendaient compte. J'ai vu les moqueries, les rires. J'ai géré cela comme j'ai pu, avec mes amies aussi ce n'était pas facile. J'arrangeais les choses de façon à ce qu'elles le voient peu donc on allait surtout courir dans la campagne. On ne restait pas à la maison. Enfin je ne veux pas faire trop long mais ces conditions de vie m'ont très mal construite.
Aujourd'hui encore j'ai honte pour un rien. Honte de moi, honte même parfois pour les autres. Je crois que je suis encore dans mon corps de petite fille avec son papa.
Depuis j'en ai bien parlé autour de moi mais hélas, je crois que c'est impossible de comprendre pour quelqu'un qui n'a pas vécu ça. Toute la souffrance que cela donne, cette souffrance qui m'étouffe encore. On a beau dire, le passé c'est le passé il faut regarder devant. Le passé m'a construite bancale. Moi même aujourd'hui je suis très très anxieuse. Les TOC sont la phobie la plus grave. J'en ai été imprégnée.
Je crois que ce dont j'ai le plus peur c'est du regard des autres. Et cette vague impression qu'on va se moquer de moi.
Voilà c'est dit. Merci de m'avoir lue jusqu'au bout.